La situation en France en 2024

En France, le nombre de défaillances d'entreprises ayant conduit à des situations d'insolvabilité a atteint 56 700 cas en 2023, marquant une augmentation de 37 % par rapport au dernier rapport et dépassant de 10 % le nombre de défaillances observé avant la pandémie.

 Ce phénomène a particulièrement touché des secteurs comme : 

  • le transport/l’entreposage,
  • l'information/la communication,
  • le commerce automobile
  • l'hôtellerie/la restauration.

En 2024, le nombre de défaillances d’entreprises devrait dépasser les 60 000, avec une prévision de 60 700 cas (+7 %), en raison de la reprise conjoncturelle lente et des contraintes de financement prolongées. En 2025, malgré une reprise économique attendue, le nombre de défaillances devrait rester élevé, avec plus de 55 000 cas selon Maxime Lemerle, responsable des recherches sur les défaillances chez Allianz Trade.
 

Les défis de demain pour les PME françaises 

Selon l’étude menée par Allianz Trade, une vague massive de défaillances comme celle de 2008-2009 n'est pas prévue, mais un rattrapage marqué est anticipé, notamment en Europe. Les entreprises devront faire face à plusieurs défis : une baisse de rentabilité avant la reprise mondiale attendue en 2025 et une incertitude croissante liée aux risques géopolitiques et de non-paiement, exacerbée par les élections américaines de 2024.

Les conditions de financement et de liquidité restent tendues, ce qui pose des défis pour absorber les coûts d'emprunt et maintenir la rentabilité. Les nouvelles entreprises créées en masse après la pandémie seront mises à l'épreuve en 2024, notamment en France, mais également aux Pays-Bas et en Belgique.

Les secteurs les plus vulnérables, comme la construction, le tourisme, les services et ceux dépendant des dépenses discrétionnaires, risquent de voir une augmentation notable des faillites. En conséquence, le nombre de défaillances pourrait augmenter de manière significative en France, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie.

En France, la situation est particulièrement préoccupante. Les entreprises devront également se préparer à de nouvelles réglementations et à des conditions de marché imprévisibles, d’autant plus avec l’entrée du nouveau gouvernement à la suite des élections législatives de 2024. Cette situation pourrait exacerber les difficultés pour les entreprises les plus fragiles, augmentant les risques de défaillances dans plusieurs secteurs critiques pour l'économie française. Le contexte économique global reste fragile, et cette fragilité pourrait entraîner une vague de défaillances plus importante que prévu, impactant gravement l'économie du pays.
 

Que faire si les entreprises partenaires deviennent insolvables ?

Une faillite peut toucher de nombreuses entreprises, y compris des partenaires commerciaux. Il n'est pas toujours possible de savoir à l'avance, de l'extérieur, si une faillite est en train de se préparer. Il existe toutefois quelques indices qui précèdent souvent l'insolvabilité.

L'un de ces indicateurs est un changement de comportement de paiement. Cela se traduit par exemple par des demandes de report de paiement, par le souhait d'un paiement échelonné ou par des délais de paiement anticipés pour les propres créances du partenaire commercial. Autres indices possibles : une baisse de la qualité des marchandises livrées ou des services fournis, des promesses de délais peu fiables ainsi qu'une augmentation des licenciements de personnel.

En cas de soupçon d'insolvabilité d'une entreprise partenaire, il faut d'abord prendre contact avec la direction afin de sonder la situation. Si l'impression se confirme, il est important d'entrer en contact avec l'administrateur judiciaire et de lui déclarer les créances dans les délais - au besoin avec un soutien juridique. Dans ce contexte, il est important de justifier et de faire valoir des garanties telles que des réserves de propriété, des droits de gage ou des cautions. Dans certaines circonstances, il vaut la peine de négocier avec l'administrateur judiciaire un paiement partiel ou d'autres accords.

Il est également important d'informer ses propres clients et fournisseurs de la situation afin d'éviter les malentendus et de maintenir la confiance. En outre, les chaînes d'approvisionnement devraient être adaptées à la nouvelle situation. Sur ce point, il est conseillé de diversifier au maximum l'approvisionnement dès le départ. Cela permet de réduire la dépendance vis-à-vis de certains partenaires commerciaux. De même, la planification des liquidités et des finances devrait être recalibrée afin que l'insolvabilité ait le moins d'impact possible sur la production ou les services.

Ces mesures, ainsi que d'autres, prennent souvent du temps et nécessitent beaucoup de travail. De plus, il n'est pas certain que ces efforts soient couronnés de succès et qu'il reste finalement au moins une partie des créances impayées. Il est préférable de se prémunir au préalable contre les éventuelles insolvabilités de partenaires commerciaux. Cela implique avant tout de toujours convenir de droits de sécurité tels que des garanties, des cautions ou des réserves de propriété, des droits de gage immobilier ainsi qu'un transfert de propriété à titre de sûreté. Cela peut prévenir les défauts de paiement.

Une gestion active des créances permet également de minimiser les conséquences des insolvabilités. Cela signifie confronter rapidement les partenaires commerciaux défaillants à des rappels de paiement et, le cas échéant, les mettre en demeure. Le dernier recours : engager une procédure d'exécution forcée.